Le Palais de l'Elysée.
Le Palais de l'Elysée. © Joly Victor/ABACA via Reuters Connect

Le nouveau système de chauffage retenu par le palais de l'Elysée, sans être une affaire d'Etat, est devenu une affaire de l'Etat. En moins d'une semaine, la Cour des comptes et le Sénat ont investigué sur l'installation d'une nouvelle chaudière à gaz à la présidence de la République. Un choix qui fait plutôt désordre au moment où l'exécutif envisage l'interdiction totale de cet équipement en France, au nom de la transition écologique. 

La publication d'un article exclusif d'une page dans le Parisien, entièrement consacré à "la géothermie à la conquête de l'Élysée", a mis le feu aux poudres. Aussitôt, les avocats du gaz ont murmuré que le service de communication de l'Elysée avait occulté la mise en place d'une chaudière à gaz, en remplacement de la vieille chaudière au fioul, notoirement polluante. Interrogé par La Lettre A sur l'équipement en passe de devenir polémique, le conseiller presse d'Emmanuel Macron, Jonas Bayard, n'a pas donné suite. Mais, l'Elysée a toutefois dû se plier aux questions des magistrats financiers : dans son rapport sur le budget de la présidence, la Cour des comptes vend la mèche en mentionnant effectivement l'acquisition d'une chaudière à gaz. Le document, rendu public mi-juillet, précise que le montant de l'investissement s'élève à 100 000 euros.

De son côté, le sénateur Jean-Michel Arnaud, pour son rapport d'information sur les actions écoresponsables des pouvoirs publics publié le 11 juillet, a auditionné les services de la présidence, qui ont précisé que le réseau primaire de chauffage comprenait dorénavant "des chaudières gaz à condensation".

Communication verte et #ChaudièreGate

Désormais consciente du caractère potentiellement inflammable de ce choix de combustible, l'Elysée cherche à sauver son opération de communication verte. Pour justifier son choix, le cabinet d'Emmanuel Macron indique que la chaudière ne fonctionnera pas plus de 20 à 30 % de la période de chauffe, uniquement en appui de la pompe à chaleur les jours de grand froid. 

Dans le même temps, selon Libération, le gouvernement explore des alternatives à l'interdiction totale des chaudières gaz, après avoir été mis sous pression par de nombreux parlementaires, eux-mêmes sensibilisés par les défenseurs du gaz, ainsi que par des éditorialistes comme François Lenglet ou Dominique Seux. Le lien de cause à effet entre cette réflexion et le "ChaudièreGate" de l'Elysée reste à démontrer.

Daniel Bernard
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