TotalEnergies a abandonné le projet d'usine de polypropylène d'Arzew, situé sur la côte algérienne, à proximité d'Oran. Aucune annonce officielle n'a pourtant été effectuée par le groupe français. Il aura fallu attendre le 18 mai et le communiqué de la société britannique de services pétroliers Petrofac pour en avoir la certitude. L'entreprise y annonçait que STEP Polymers SPA (filiale à 100 % de la société d'Etat algérienne Sonatrach) lui avait attribué le contrat de construction de l'usine d'Arzew. Si le document indiquait également les noms des deux entreprises associées à Petrofac dans le projet, la major française n'y était à aucun moment mentionnée.

Contactée par Africa Intelligence, TotalEnergies confirme avoir cédé ses parts dans le projet et précise que "dans le cadre de la coopération stratégique entre les deux entreprises, TotalEnergies a proposé à Sonatrach de mettre à sa disposition son expertise technique dans l'exécution du projet ainsi que ses compétences commerciales dans le marketing des polymères sur le marché européen".

Un désengagement très gênant

TotalEnergies détenait 49 % du projet Arzew aux côtés de Sonatrach. Africa Intelligence avait révélé, dès le 22 août 2022, l'intention du groupe français de quitter le projet de façon imminente (AI du 22/08/22). Le contexte était alors particulièrement sensible, le président français Emmanuel Macron devant effectuer une visite à Alger quatre jours plus tard pour consolider la relation bilatérale. La major n'avait, à l'époque, pas souhaité commenter nos informations, avant de démentir tout désengagement via l'agence de presse américaine Reuters (AI du 26/08/22).

Ce discret départ d'Arzew n'est pas de nature à raffermir les relations entre TotalEnergies et l'Etat algérien. En 2019, le refus des autorités de valider le rachat par TotalEnergies des actifs algériens d'Anadarko - acquis par Occidental Petroleum (Oxy) -, avait déjà tendu les rapports avec la Sonatrach.

Alger ne fait pas le poids face à Riyad

L'abandon d'Arzew n'est pas uniquement lié à ce contexte particulier. La signature par TotalEnergies, le 15 décembre 2022, d'un accord pour la construction d'une usine de polypropylène à Jubail, en Arabie saoudite, a également contribué à condamner le projet algérien. D'un montant total de 11 milliards de dollars, cet investissement plus important a participé à éclipser Arzew, bien moins rentable, et dont les coûts de construction prévisionnels avaient explosé de près de 50 %.

Comme nous l'avions annoncé fin avril (AI du 26/04/23), le contrat attribué à Petrofac avoisinera 1,5 milliard de dollars. La société a damé le pion aux Coréens de Samsung, et aux Espagnols de Técnicas Reunidas (AI du 11/11/22). Initialement, le coût de réalisation de l'usine devait être plus proche du milliard de dollars.

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